Au début du mois d’octobre, je suis partie passer le week-end à Gap, au pied des Hautes-Alpes. Gap, c’est une ville de petite taille, coincée entre deux monts. Les ruelles de son centre-ville sont étroites et ses maisons colorées. Des nuances pastels qui détonnent et étonnent. Au moment où nous arrivons, les terrasses sont baignées de soleil. Les cartes des restaurants affichent fièrement les spécialités culinaires de la région : tourtons et oreilles d’âne. Sur place, Celia et moi retrouvons ses amis de Montpellier pour un week-end de l’extrême avec, au programme, via ferrata, première raclette de la saison et saut en parachute pour le plus téméraire d’entre nous – en vrai, il n’a pas eu le choix, c’était un cadeau d’anniversaire – empoisonné…
10.00 – RENDEZ-VOUS AU CAIRE
Samedi matin, nous prenons la direction des Alpes de Hautes Provence, emmitouflés dans nos manteaux d’hiver et nos écharpes pour lutter contre le froid glacial. Je me colle à Célia – de manière totalement intéressée – pour profiter de sa chaleur. A dix heures, nos voitures se garent sur le parking de l’office de tourisme du Caire, situé à une vingtaine de kilomètres de Sisteron. Nous avons rendez-vous avec un guide de haute montagne pour parcourir la via ferrata de la Grande Fistoire. On sautille sur place pour se réchauffer. Pour tout vous dire, on ne fait pas trop les malins, emmitouflés dans nos vêtements comme si on partait pour une expédition dans le Grand Nord…
Tandis que le guide nous prodigue ses instructions, nous nous équipons. Casques, baudriers d’escalade, longes, mousquetons et poulies constituent notre équipement. Je serre les lanières de mon baudrier, j’attache mon casque et vérifie qu’il ne bouge pas puis nous nous dirigeons vers la falaise de calcaire où se trouve le début de la via ferrata. La falaise est baignée de soleil. Après quinze minutes de marche en lacet, je commence à mourir de chaud et termine bien vite en débardeur – comme toute la bande – écharpes et vestes glissées dans le sac à dos.
10.30 – LA VIA FERRATA DE LA GRANDE FISTOIRE
La via ferrata est un parcours aérien et sportif agrémenté de passerelle, de bombu, de dalle couchée, d’un pont népalais ou encore de tyroliennes. Pour faire très simple, c’est une sorte de gros accrobranche à flanc de montagne, un mélange entre escalade et randonnée pédestre. Pour la petite histoire, la via ferrata est née dans les Dolomites durant la Première Guerre Mondiale. Elle permettait alors aux soldats italiens de se déplacer dans la montagne et d’acheminer de l’artillerie.
Nous débutons l’ascension de la via. Par mesure de sécurité supplémentaire, le guide nous a encordé trois par trois. Célia est en tête du convoi, je me retrouve au milieu tandis qu’Alain, grand gaillard montpelliérain d’un mètre quatre-vingt, ferme la marche. Pour atteindre le sommet, je commence à grimper sur des agrafes, des barreaux fixés le long de la paroi calcaire. Je progresse lentement en déplaçant progressivement mes deux mousquetons le long d’un câble métallique, en fonction de l’avancée de Célia et Alain. Le début du parcours est assez aisé, plutôt bien ferré et nous prenons très vite de la hauteur. Entre deux agrafes, j’en profite pour regarder autour de moi et la vue sur la vallée est impressionnante. A l’avant, Célia gère la fougère. Elle nous ouvre la voie et nous prodigue ses conseils tandis qu’Alain parle sans arrêt – il a le vertige et se transforme en vrai moulin à parole !
Par moment, notre ascension se corse. Les agrafes s’espacent et je dois faire un grand écart pour transférer mon poids d’une jambe à l’autre. Le désavantage de faire 1m53 les bras levés… Parfois, je me retrouve sur une agrafe, les pieds au-dessus du vide. J’avance progressivement, préférant regarder le paysage autour de moi et les versants baignés de soleil plutôt que le sol à plusieurs centaines de mètres de là. Alain ne cesse de marmonner : “mais qu’est-ce que je fous là?!” Et puis il y a aussi les dévers. Le relief de la montage s’incline, mes bras sont tendus au maximum ce qui m’oblige à pousser fort sur mes jambes pour continuer mon ascension et ne pas brûler trop d’énergie. Comme nous sommes novices, nous empruntons parfois des chemins de traverse pour esquiver des passages trop ardus comme le Col du Bombu.
13.00 – FACE AU VIDE
Après quasiment deux heures d’ascension, nous parvenons au sommet de la via ferrata de la Grande Fistoire à 1100 mètres d’altitude. Quand la pause déjeuner s’annonce, on est tous un peu fiers et sur-excités d’être arrivés jusque-là. On se dit que la suite sera beaucoup plus facile. Evidement, nous avons tout faux… La deuxième partie de la via ferrata est plus technique. Le guide de haute montagne nous conseille de descendre les obstacles, le dos contre la paroi calcaire, en faisant face au vide. Si physiquement, je me sens bien, je commence à être psychologiquement fatiguée, à force de concentration.
Nous progressons lentement, le vide sous nos pieds. La descente n’est pas plus difficile que l’ascension, elle est surtout plus impressionante. Par moment, je m’entrave dans mes deux cordes. Heureusement Alain et Célia sont là. On s’encourage, on se conseille. Être encordés favorise l’esprit d’équipe plutôt que la progression personnelle. J’ai la paume des mains rougie et écorchée – ne faites pas comme moi, pensez à vous équiper de gants – lorsque nous parvenons à la Passerelle. Elle fait 60 mètres de long mais surtout elle se situe à 100 mètres au-dessus du vide. Je fixe un point au loin pour occulter le trou béant qui se trouve sous mes pieds. Le vent souffle fort et fait trembler la passerelle. Derrière nous, un nouveau groupe vient d’arriver. Ses membres commencent à nous rattraper et se mettent à sauter pour faire bouger la passerelle… J’ai des envies de meurtres… Alain et Célia semblent imperturbables.
Une fois cette satanée passerelle franchie, le guide nous laisse le choix : terminer le parcours en empruntant le pont népalais – un câble métallique secoué par le vent sur lequel il faut progresser – qui ramène sur la falaise de la Grande Fistoire pour affronter “La Grande Muraille”, une épreuve en dévers, ou nous diriger vers trois tyroliennes de 130, 150 et 220 mètres de long. Le vote est unanime. Nous optons pour les tyroliennes. C’est une manière fun de finir la via. Si la première tyrolienne est simple, la seconde nous demande de nous élancer dans le vide pour terminer contre la falaise tandis que la troisième tyrolienne, plus longue et plus aérienne, me permet de regarder autour de moi et de profiter sereinement des superbes paysages. A quinze heures, nous sommes de retour sur le parking de l’office de tourisme du Caire.
Nous finissons la via ferrata de la Grande Fistoire en quatre heures et demie. Pour ma part, c’était une grande première. Si j’ai adoré cette activité en plein air qui permet de profiter de superbes paysages, j’ai aimé la diversité de la via et ses obstacles qui requièrent de la force, du mental mais aussi de l’équilibre. Le soir venu, nous avons échoué devant une énorme raclette, la première de la saison, avant d’éteindre les feux à vingt-trois heures. Pour en savoir plus sur la Via Ferrata de la Grande Fistoire, c’est par ici. A noter que toutes les photos ont été prises à la GoPro.
2 comments
Trop chouette ! Je n’ai fait qu’une fois une petite vias ferrata en Ardèche et j’ai ADORE ! Du coup, je pense que je flipperais bien mais que celle ci doit être vraiment top à faire, je note dans un coin de ma tête !
C’était assez impressionnant 🙂 Mais le gros avantage de cette via est de pouvoir zapper les parties trop techniques ! Dans tous les cas, j’attends avec impatience la saison prochaine pour en refaire.